Manneken-Pis

Manneken-Pis
Manneken-Pis : vous préparez votre séjour à Bruxelles. Vous venez en visite à Bruxelles. Vous vous demandez que voir à Bruxelles. Vous êtes sur la Grand-Place et vous ne savez pas où il est. Mais vous ne pourrez pas vous empêcher d’aller le saluer. Même si fondamentalement, vous vous dites que c’est quand même bien curieux, voir malséant, si pas vulgaire d’avoir osé créer une statue telle que celle-là. Bon, vous l’aurez compris, on va se frotter au gamin qui fait pipi.
Vous trouverez ici :
* Un curieux attrait pour l’urine, non ?
Bruxelles qui fait pipi : Manneken Janneke Zinneke
A propos de Manneken-Pis, j’avoue éprouver une certaine difficulté à expliquer à mes touristes en visite guidée pourquoi tant d’intérêt des bruxellois pour l’urine. 😂
L’emblématique Manneken Pis, sa petite sœur contemporaine Janneke Pis, et le tout mignon Zinneke-Pis.
Trois sculptures pour autant de petits besoins pressants, immortalisés à jamais.
Et je ne vous dis pas ma joie de ne guider qu’en français. Voyant la véritable excitation des asiatiques et italiens devant le petit Julien, je m’interroge là aussi, sur ce que je leur dirais pour calmer leur joie trépidante, si j’étais leur guide.
Et comme ce sont souvent les mêmes types de touristes qui caressent le bras de ‘t Serclaes avec ferveur, j’aime à me rappeler combien les contingences culturelles sont prégnantes et influencent l’appréhension des choses.
Sans évoquer, avec recul et second degré … je me demande ce qu’il m’arriverait si, sur les Champs-Elysées, je m’arrêtais pour prendre en photo un gamin en train de faire pipi ? M’enfin, Vincent, ici, c’est une statue. Et puis, à Paris, on ne fait pas pipi en rue.😮 Sorry, je me suis égaré. Revenons à Manneken Pis.
Manneken-Pis : ... recadrages ... historiques
Manneken-Pis. Au départ, il s’agit d’une fontaine. En 1452.
Dix-sept ans plus tard, 1469, on trouve une mention de son prénom : Julien. Ce qui pose question quand on sait que la langue véhiculaire locale de l’époque n’était pas le français. Passons.
Autre curiosité langagière, le fait qu’on l’appelle Manneken. Ce terme est bien étrange, car en bruxellois ou brusseleer, on dirait plutôt menneke, signifiant petit homme, sur le ton gentil et amical
En fait, au vu des légendes, ce serait plutôt ketje qui aurait le mieux convenu. Un ketje, c’est un gamin espiègle, effronté, malicieux, moqueur et insoumis. Toutes les caractéristiques positives que l’on attribue aux bruxellois depuis les temps immémoriaux.
Et dire que ce n’est pas le vrai !
Dernier recadrage historique : la statue que vous admirez à deux pas de la Grand-Place, à l’intersection de la rue de l’Étuve et de la rue du Chêne (je le précise au cas où) n’est bien sûr pas l’originale. La statue fit l’objet de plusieurs vols ou tentatives de vol. Le dernier en date remonte à 1978, par des étudiants facétieux. Non, je ne faisais pas partie du lot, je le jure ! Du coup, la statue originale, de 1619, est maintenant conservée et visible au Musée de la Ville de Bruxelles. Musée dont je vous recommande chaudement la visite, pour la maquette de la ville de Bruxelles au temps de la première enceinte.
Manneken-Pis : ... un dressing ... de star
Manneken-Pis, tout nu ? Vraiment ?
Il y a de fortes chances qu’à l’occasion de votre visite de Bruxelles, vous soyez tombés sur un gamin tout habillé. Effectivement, Manneken Pis dispose de plus de 1.000 costumes. En voilà une belle garde-robe, n’est-il pas ?
En fait, il nous faut remonter en 1615, et au jour de l’Ommegang, pour le voir habillé une première fois. En berger. Il ne manquerait plus que l’enfant Jésus à ses côtés, pour constituer un tableau qu’il aurait quelque chose de surprenant. Oups, pardon, cela m’a échappé. 😱
Les costumes sont fournis par des associations locales et/ou sont créés pour commémorer des événements, personnages célèbres, héros de bande dessinée, personnages de films, cercles divers, fêtes multiples (paix, bière,…) fête nationale ou locale, une victoire de sportif belge, quand il y en a (oups, pardon), etc, etc. Il y a même un très sérieux Ordre des Amis de Manneken-Pis… avec son habit idoine, of course.
En 2017, devant le succès du gamin et de son dressing, la Ville de Bruxelles a ouvert un nouvel espace muséal au 19, rue du Chêne. Petite visite sympa. Comptez tout de même 5€ d’entrée.
👍 Bon plan : chaque premier dimanche du mois, c’est gratuit ! Idem au musée de la ville de Bruxelles.
Manneken-Pis : légende petite histoire histoire belge
Manneken-Pis : les légendes.
Elles foisonnent. Je me réfère ici au livre de Guillaume Devogel, Légendes bruxelloises.
A vous de choisir celle qui vous parle le plus. Qui vous fait tellement rire que vous en … (je vous laisse imaginer la suite de la phrase à laquelle je pense, mais ne peux l’écrire sous peine de recevoir des commentaires injurieux au mètre … de papier WC sur la page Facebook) 🤣
Décidément, ce guide n’est vraiment pas sérieux. Assurément. Et je le revendique. Sérieusement.
Haut les cœurs ! A l’assaut !
Douzième siècle. Le chef militaire des troupes locales est encore un enfançon au berceau. Apporté sur le champ de bataille pour galvaniser les hommes de par sa présence. Malheureusement les choses sont en train de tourner au vinaigre. C’est alors que le bébé se redresse depuis son berceau et satisfait son besoin naturel tout en criant. Cela (le cri ou le pipi ?) redonna le moral aux troupes. Qui remportèrent la victoire bien évidemment. Et de commémorer l’événement par l’érection de la statue.
Mais où qu’il est, le gamin ?
Julien. Où est Julien ? Chérie, qu’est-ce que tu as fait du petit ? C’est pas vrai ! Julien a disparu. Tout le monde est appelé à la rescousse. Des recherches s’organisent. Tout est mis en œuvre pour retrouver le petit garçon. Finalement, après des heures de recherche, le père du gamin arrive dans une des petites rues qui donne la Grand-Place. Avec soulagement et une joie indescriptible, il aperçoit son petit Julien. En train d’uriner tranquillement, sourire aux lèvres. Et de commémorer l’événement par l’érection de la statue.
Premier pompier de la ville
Voici la version qui me plaît le plus. Bruxelles est en guerre. La ville est assiégée. Tout adulte en âge de se battre est aux remparts. Ne reste en ville que les vieillards et les enfants. Bombardée par l’ennemi, une bombe, mèche allumée vient d’atterrir dans une petite ruelle à proximité du Nerdermerct. Un ketje de la ville passait justement par là. Il crie, hurle, appelle à l’aide. Personne ne répond. Pas de seau à portée de la main, pas de fontaine non plus. Ni une ni deux, le voilà baissant le pantalon et œuvrer à éteindre l’incendie. Et de commémorer l’événement par l’érection de la statue.
L’impudant impudique n’est pas celui qu’on croit !
On ne badine pas avec Gudule à Bruxelles. Sainte Gudule, c’est notre sainte à nous, les bruxellois. Alors une fois qu’on s’en prend à elle, on risque gros. D’ailleurs tous les bruxellois ont en mémoire ce qu’il advint le jour où le clergé avait décidé de monter ses reliques du bas de la ville vers cette cathédrale dédiée à saint Michel. Quelle affaire, ce fut ! Et tout le monde se souvient aussi de cet horrible Jules, mais ça remonte à plus loin, c’était encore du temps du vivant de Gudule, au septième siècle, ce drôle de peï qui sans doute pris de lambic avait osé s’en prendre à la sainte, lui exhibant son attribut et l’invitant à … oooh ! Non, mais s’en prendre comme ça à Gudule : il n’était pas tout seul dans sa tête, ce Jules ! Mais Là-Haut non plus, on n’apprécia guère le comportement. Et Là-Haut, on ne badine pas avec les comportements déplacés. Du coup, ni une ni deux, on maudit la progéniture de Jules et c’est le petit Julien qui trinque : condamné à ne plus grandir et uriner sans arrêt, pour expier les fautes de son paternel. Là ! Aussi sec. Enfin, sec … on se comprend.
Et de commémorer l’événement par l’érection de la statue.
Celle-là, vous ne vous y attendiez pas !
Pour clore cet article sur Manneken-Pis, je m’en vais vous laisser quelque peu perplexe. Enfin, c’est tout le bonheur narcissique que je me souhaite. 😈
Vous connaissez mon intérêt pour les mots en -isme (symbolisme, ésotérisme, occultisme, hermétisme, alchimi…non, ce n’est pas en -isme, mais ça tient quand même).
Je ne peux dès lors que vous soumettre la très sérieuse illustration suivante. Et vous donner rendez-vous dans le premier carberdouche tout proche pour discuter de tout cela devant un bon lambic. Ca tombe bien, le Poechenellekelder est tout près, non ? 🍺
Cliquez sur l’image pour l’agrandir.
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