Incendie de la Grand-Place 1695 : le bombardement

Le bombardement de la Grand-Place de Bruxelles en 1695. Ca y est ! Les hostilités sont déclenchées. Pas trop respectueux de l’étiquette, mes amis Français. Et bien sauvages aussi. Décidément, cette affaire ne plaide pas trop en faveur de l’Hexagone. Et c’est peu dire ! (tout en vous rappelant que, bruxellois de souche, mon point de vue est quelque peu subjectif pour le coup).

Une cible bien trop facile !

Voilà donc le maréchal de Villeroy devant l’enceinte de Bruxelles. Il faut dire qu’il la voit facile, cette victoire. L’enceinte de la ville date du Moyen-Age, n’est pas faite pour repousser les canons de l’artillerie moderne, et les troupes à l’intérieur de la ville ne sont guère nombreuses puisque le gros des troupes fait le siège, à Namur. Et en plus, le haut commandement militaire n’est pas présent, puisque devant Namur lui aussi. Bref, une victoire prestigieuse, avec tout le panache « à la française » (oups, amis Français, excusez-moi, cela m’a échappé) s’annonce pour le maréchal de Villeroy : le bombardement de la Grand-Place de Bruxelles en 1695 est imminent !

Là où les princes de l’étiquette ne respectent plus la dentelle.

Vous connaissez tous l’étiquette présente à la cour du roi de France au 17e. siècle. Protocoles innombrables, rituels aussi lourds, longs que pompeux, ou merveille de la diplomatie et gloire du savoir-vivre, c’est selon. Quoiqu’il en soit, les militaires aussi, ont leurs habitudes : la guerre en dentelle. Cette dernière veut que l’on se renseigne au préalable sur l’emplacement où se trouve la famille et les proches des dignitaires assiégés, afin de leur éviter un maximum de tracas possibles. Chose que le maréchal de Villeroy a parfaitement respectée, épargnant le quartier où la femme de Maximilien-Emmanuel de Bavière s’était réfugiée. Jusque là, respect.

plan de tir des armées françaises lors du bombardement de la ville de Bruxelles en 1695

Par contre, bombarder gratuitement une ville n’entrait pas dans les habitudes de l’époque. En cette fin de 17e. siècle, on ne pilonnait une cible urbaine que pour en détruire les fortifications afin de l’envahir plus facilement, ou on détruisait le port, pour d’évidentes raisons économico-militaires. Le port de Bruxelles n’a jamais été une cible. Pas plus que la capture de la ville. Cela se gâte pour le pedigree de ce bon maréchal de Villeroy. Mais le pire est à venir.

bombardement de la Grand-Place de Bruxelles en 1695 par les troupes de Louis XIV

Quand un maréchal se comporte en rustre.

Toujours dans le monde des étiquettes militaires de l’époque, il était de bon ton d’envoyer moult sommations et suggérer des négociations en préalable à toute action et ce, afin d’éviter au maximum à ce que la population urbaine, les civils, n’aient à pâtir de la situation.

S’il semblerait que de Villeroy ait effectivement envoyé une proposition au responsable militaire, celui-ci ne pouvait répondre. Et pour cause, puisque le prince de Berghes (gouverneur ad intérim en l’absence de Maximilien-Emmanuel de Bavière) ne pouvait prendre d’initiative sans s’en référer au préalable à son supérieur. Seulement voilà, le temps octroyé par de Villeroy pour permettre à de Berghes d’envoyer une estafette à Namur et d’en recevoir la réponse, était trop court. Volontairement proposé trop court ou pas. C’est à nouveau en fonction de la couleur de votre panache que la vision de l’Histoire se fera.

Ce qui est certain, c’est qu’en l’absence de réponse à sa proposition dans les délais fixés, au nom du Roi de France, le maréchal de Villeroy a utilisé le prétexte de représailles d’un bombardement par les flottes anglaises de villes françaises dans la Manche, pour bombarder Bruxelles. Faut suivre le prétexte, non ? Des représailles d’un bombardement par les flottes anglaises de villes françaises dans la Manche … mais qu’est-ce que ça a à voir avec Bruxelles 🤨? Quand je vous disais que le maréchal de Villeroy n’imprima pas d’une marque glorieuse son passage à Bruxelles, c’est peu dire.

Boum boum mais pas badaboum.

Bon, ben c’est parti. Pour trois jours. De bombardement ininterrompu. Avec comme résultats 4.000 morts civils. Ce qui est en fait très peu, à la fois compte-tenu de la population globale et en rapport à l’intensité du bombardement. Il est vrai aussi que la majorité de la population a eu le temps de se réfugier sur les hauteurs de la ville, à une distance que les boulets ne pouvaient atteindre.

Par contre, au niveau des dégâts matériels, la catastrophe est totale. Environ 5.000 bâtiments sont détruits et on chiffre aujourd’hui à ± 4 milliards d’euros le dommage causé à la ville.

ruines de la Grand-Place de Bruxelles suite au bombardement des troupes françaises en 1695
flèche de l'hotel de ville de Bruxelles ayant résisté au bombardement de la ville en 1695

De la flèche, vue par une flèche

Je vous l’ai écrit dans l’article précédent, le maréchal de Villeroy traînait la réputation de ne pas être une flèche. Sans doute raison pour laquelle il ordonna à se troupes de viser la flèche de l’hôtel de ville. C’est un fait.

Durant les trois jours de bombardement, pas un seul boulet ne parvint à l’atteindre. C’est un fait.
Et pourtant, plus de 4.000 bombes ou boulets furent tirés. C’est un fait.
Les conclusions dépendront de la couleur de votre drapeau national. Clin d’œil entendu.
Car en définitive, quelles seront les retombées et conséquences de ce bombardement de la ville de Bruxelles en 1695 ? Le bombardement de la Grand-Place de Bruxelles en 1695 aura des lourdes conséquences.

C’est ce que je vous raconte ici.

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