Histoire de la Grand-Place de Bruxelles

La Grand-Place de Bruxelles

Histoire de la Grand-Place de Bruxelles.

« Aucune ville belge n’a détruit son passé comme Bruxelles (voûtement de la Senne en 1871-1873 et jonction Nord-Midi 1903-1952). En même temps, aucune ville belge n’a autant investi dans la remise en valeur de sa place principale » (Roel Jacobs)

foule estivale sur la Grand-Place de Bruxelles
découverte de l'histoire de la Grand-Place de Bruxelles, patrimoine de l'Unesco

La Grand-Place :  ... grande ... markt ... nedermerct

Amusons-nous un instant avec l’histoire de la Grand-Place de Bruxelles.

Demandez à francophone vivant à Bruxelles : il vous parlera de la Grand-Place. Demandez à un flamand vivant à Bruxelles : il vous parlera de la Groot Markt.
Demandez à un bruxellois vivant à Bruxelles : il vous parlera de Gruut Met ou nedermerct. Certes. Mais encore ?

Pourquoi la Grand-Place ?

Pourquoi l’appelle-t-on comme ça ? Est-elle si grande que ça, avec ses 1,4 ha. ? Grand ? Petit ? Comparaison. La Grand-Place de Bruxelles est à peine plus grande que celle de Bruges (de 0.4 ha) et quasiment de même superficie que la place Général-de-Gaulle de Lille(de 0.3 ha). Comparaison n’est pas raison. Ce qui semble certain pour les francophones, c’est qu’elle leur semblait grande, cette place ! A moins qu’ils n’aient voulu dire : importante. Piste de réflexion.

Et les flamands ?

Ami Français, bienvenue dans la galaxie des complications à la Belge. Vous ne trouverez pas d’appellation « Grand-Place » dans le vocabulaire néerlandophone. Et pour cause ! Toute nationale qu’elle soit, la Grand-Place se dit Grote markt en flamand. Ce qui vous fait une belle jambe, si vous ne parlez pas la langue de Vondel. Traduction : Grand-Marché. Ce qui, quelque part, est bien plus logique que Grand-Place, au vu de ses fonctions tout au long de l’histoire. Alors, à côté de la plaque, les francophones ?

Et l’histoire ?

L’histoire a connu le nerdermerct. Oups, que voilà un terme barbare, qu’il sonne bien germanique avec tous ses « r ». Souvenons-nous des origines du brusseleer et adoptons une mine compréhensive. Quant à la signification du terme, plus parlante encore que le grand-marché flamand : marché inférieur. Ce terme qui apparaît au 12ème siècle, correspond – merveille de la chronologie historique – à l’apparition d’un marché, sur ce qui n’était encore qu’une place en ébauche de création.

Pour découvrir l’histoire de la Grand-Place de Bruxelles, rien ne vaut la maquette du musée de la ville. Photos de la maquette de Bruxelles au temps de la première enceinte. Objet remarquable qui vous permet de bien comprendre le pourquoi de Bruxelles – comme cà – à cette époque-là. Une halte incontournable lors de votre séjour à Bruxelles :le musée de la ville de Bruxelles. Aussi en visite guidée 😉

histoire de la Grand-Place de Bruxelles au temps de ses origines, au 12 eme siècle

la Grand-Place ... plic ploc ... des pavés ... ça prend forme

L’histoire de la Grand-Place de Bruxelles ne s’est pas construite en un jour. La ville de Bruxelles et ses marchés, ne sont pas devenue un pôle économique attractif européen en un jour. Découvrez ici les trois étapes essentielles d’établissement d’une place dans lieu qui ne s’y prêtait pas spécialement au départ !

Une construction plic ploc.

A la fin du onzième siècle, sur cet emplacement pentu, sableux et marécageux, à quelques mètre à peine d’un ruisseau (je vous laisse imaginer la qualité du sol en période de pluie ou orages) s’établissent quelques maisons, de-ci, de-là. Elles ceinturent un espace de forme indéfinissable et un marché y prend place. Principalement des maisons de riches marchands, capables de se faire ériger une habitation en pierres, nommée Steen (pierres en néerlandais).

Des pavés bien nommés.

A cheval entre les 13 et 14 èmes siècles apparaissent les premiers pavements. Cela devait ressembler à ceux de l’enfer du nord (Paris-Roubaix pour les amateurs de vélo) … en pire. Autrement dit, un pavement grossier. Une douzaine de maisons en bois sont détruites pour laisser place à des maisons en pierres, pour des commerçants ou bourgeois nantis. Elle s’appellent le Rhin, la gerbe, le violon ou la taupe. Tiens, où sont-elles aujourd’hui ces maisons ? A l’époque, autour des halles, véritables pôles attractifs et poumons économiques : celles au pain, au drap, à la laine et ou encore la viande.

 

Cela prend forme !

Début du 15 ème siècle, la Grand-Place de Bruxelles commence à la prendre, sa place ! Et puis surtout, on lui construit un modèle de halle aux draps, qui deviendra très vite de renommée européenne, genre « vaut le détour » au guide Michelin. On pleurera partout en Europe pour avoir le droit d’y venir en commerçant ou acheteur. Jouxtant ce pôle attractif, l’hôtel de la ville prend forme et, en trois étapes, deviendra le symbole de l’émancipation des bourgeois (voir par ailleurs). Non sans avoir dû exproprier quelques maisons au passage. C’est que la pratique ne date pas d’hier ! Ceci étant, la Grand-Place commence à prendre sa forme rectangulaire.

histoire de la Grand-Place de Bruxelles au temps de ses origines, au 12 eme siècle

la Grand-Place ... sans-culottes ... restauration ... Unesco

Que je sois clair : je ne suis ni pour les naturistes en évoquant la Grand-Place sans culotte, ni pour la restauration de masse à la Grand-Place … quant à l’Unesco, c’est un peu trop délicat pour en écrire quoi que ce soit … je réserve mon avis (oral, sans trace 😉) pour ceux qui me font l’amitié de partager une visite guidée en ma compagnie.

Des sans-culottes bien culottés !

Je ne reviens pas sur le bombardement de la ville de Bruxelles et l’incendie de la Grand-Place en 1695. Merci Louis XIV et maréchal de Villeroy ! Voir ici, trois articles relatant cet épisode peu glorieux de l’histoire de France. C’est bien sûr un bruxellois pur jus qui vous tient le propos. Sourire grinçant sur mon visage ironique.
A plus forte raison que nos « amis Français » ne se sont pas contentés d’un seul passage ravageur à Bruxelles. Les révolutionnaires ont eux aussi débarqués dès 1793 et durant quelques années s’amusèrent, au mieux, à renommer ou redéfinir la fonction de certains lieux (voir histoire de la maison du Roy), et, au pire :  détruire ou piller tout ce qui avait (ou pas) de la valeur à leurs yeux sanguinaires et révolutionnaires.
A noter que c’est à la fin de cet épisode, mais pour des raisons plus économiques que politiques, que les corporations disparurent (1795). Elles, qui avaient fait la renommée et la splendeur de la plus belle place du monde, ont fait leur temps.

Une restauration qui mérite trois étoiles au Michelin

Grosso modo (je prends une précaution oratoire car les historiens se disputent sur le sujet), entre 1847 et 1957, ont lieu d’immenses travaux de rénovation, restauration, reconstruction de la Grand-Place. Principalement sous la houlette de Charles Buls, bourgmestre et Victor Jamaer, architecte. La Grand-Place retrouve son lustre d’antan … et plus encore !

L’objectif, dans une Belgique naissante (indépendance en 1830), est de marquer le caractère du glorieux passé national du lieu, avec notamment l’érection des plus de 300 statues qui ornent les façades de l’hôtel de ville.

 

L’Unesco s’en réjouit !

1998 : cerise sur le gâteau, l’Unesco inscrit la Grand-Place de Bruxelles à sa liste du patrimoine mondial. L’histoire de la Grand-Place de Bruxelles venait de connaître un tournant important.

La phrase qui suit a dû faire l’objet de nombreuses réflexions, think tank, concertations, modifications, actes de diplomatie et j’en pense. Je me permets de vous la recopier telle quelle :

« La Grand-Place de Bruxelles est un ensemble remarquablement homogène de bâtiments publics et privés, datant principalement de la fin du XVIIe siècle, dont l’architecture résume et illustre de manière vivace la qualité sociale et culturelle de cet important centre politique et commercial. »

source : Unesco

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